"Le dernier coup" par Kevin P.

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Les routes de Sotchi étaient entièrement recouvertes de neige, voir de loin était presque impossible, ce n’étaient pas les meilleures conditions pour sortir aujourd’hui. Malgré tout, une petite voiture était garée juste à côté de la banque centrale russe. Quatre hommes étaient à l’intérieur, l’un d’entre eux semblait extrêmement impatient

- Bon alors, on attend quoi ?! hurla-t-il.

- Du calme Barry, attend encore un peu.

Soudain, une sonnerie de téléphone retentit et l’homme qui se trouvait au volant décrocha, une voix se fit entendre.

Les systèmes de sécurité sont désactivés, vous avez deux minutes pour entrer, prendre l’argent, et ressortir avant que la police n’arrive.

Sur ces paroles, les quatre hommes s’encagoulèrent et sortirent de la voiture les armes à la main, ils coururent vers la banque et enfoncèrent les portes, menaçant les quelques personnes se trouvant à l’intérieur. Un des hommes, le plus petit et chétif, resta à l’entrée de la banque tandis que les trois autres se dirigeaient vers le coffre fort. Barry sortit des explosifs de son sac et en donna à ses coéquipiers, Michael et Steve, qui les placèrent sur les portes blindés du coffre, s’éloignèrent, et les firent exploser. Les trois compagnons s’empressèrent de rentrer dans le coffre et de s’emparer de tout l’argent qui s’y trouvait.

- C’est bon, on y va ! cria Barry.

Les quatre hommes filèrent vers la sortie arrière, seulement il était trop tard. L’explosion avait alerté les services de police, et deux voitures les attendaient. Ils se firent tirer dessus dès lors qu’ils eurent ouvert les portes. Ils se mirent tous à couvert et commencèrent à tirer à leur tour. Mais les quatre braqueurs étaient bien plus habiles et les policiers ne tardèrent pas à tous tomber. Ils savaient que d’autres gêneurs ne tarderaient pas à arriver, alors ils s’empressèrent de courir à la voiture et d’y monter. Michael, en prenant le volant, vit un fourgon de police arriver à vive allure. Il s’empressa de démarrer, les trois autres pendant ce temps, tiraient par leur fenêtre. Michael fonça du côté opposé, mais une voiture les suivait. Les deux voitures étaient côtes à côtes, et le policier du côté passager tira et tua l’un des braqueurs.

- Le bouseux est mort ! s’exclama Barry en jetant le corps sur la route.

- Ça suffit ! cria Michael.

Il prit le volant et tourna violemment, envoyant la voiture de police droit dans un arbre. Ils les avaient enfin semés. Michael, Steve et Barry enlevèrent leur cagoule.

Après ce coup, je prends ma retraite ! dit Michael

Ils s’arrêtèrent près d’une usine désaffectée. Barry, en sortant de la voiture, poussa un long soupir en avançant, mais en arrivant à l’angle de l’usine, se fit assommer.

Il se réveilla une journée plus tard dans un lit d’hôpital, son téléphone sonnait et il s’empressa de décrocher.

- Allo ?!

- Barry ? Où es-tu ? dit une voix.

- Je sais pas trop, ça ressemble à un hôpital, ils sont où Michael et Steve ?

- Aux dernières nouvelles, Steve se serait fait arrêter par Interpol et Michael …

- Michael ?

- Michael est mort …

Barry raccrocha le téléphone et se mit à pleurer. Il arracha la perfusion plantée dans son bras, prit ses affaires et partit sans rien dire. Le personnel de l’hôpital tenta de l’en empêcher mais il n’écoutait pas et n’hésitait pas à employer la force avec tout ceux qui lui bloquaient la route. Il ouvrit les portes de l’hôpital et regarda le ciel nuageux et la neige qui tombait sur son visage pâle et en larmes. Il s’avança vers un 4x4 rouge, un homme était assis dedans, mais il n’en avait rien à faire. Il ouvrit la porte, sortit l’homme du véhicule, entra dedans, et partit. Sur la route tous les souvenirs de son défunt ami revenaient. Il se fit la promesse de tout faire pour faire sortir Steve de prison, après quoi il vengerait son ami, Michael.

Les années passèrent, Barry s’était installé à Palmdale, un petit village du comté de Los Angeles, depuis un moment déjà et s’occupait d’un petit « commerce » discret mais qui semblait lui rapporter beaucoup d’argent.

Barry attendait dans un bar, une bière à la main, regardant d’un air morne le match qui passait sur un petit écran accroché en haut du comptoir. Soudain, un homme asiatique, probablement d’une vingtaine d’année, portant des lunettes de soleil, une chemise en assez mauvais état, et un jean déchiré, entra dans le bar accompagné d’un homme à lunettes vêtu d’un costume noir. Ce dernier avait l’air d’un avocat.

- Bonjour, tout le monde ! hurla le jeune homme.

Tous les clients du bar se retournèrent vers lui et le regardèrent comme si une envie de meurtre leur avait traversé l’esprit en une fraction de secondes. Le jeune homme se tourna vers Barry et alla s’asseoir juste en face de lui accompagné de l’autre homme qui resta debout.

- Vous représentez les Feng ? demanda Barry à la personne vêtu d’un costume.

- Oui, répondit l’homme, je suis responsable du commerce des Feng, et je viens ici, accompagné du fils de M. Feng, négocier les termes de notre contrat.

- Je ne négocie pas ! dit Barry d’un ton ferme.

- Nous aimerions au moins voir … la cuisine.

- Barry hésita un moment, il fixait le jeune Feng qui venait de se vomir dessus, ce qui le fit rire, puis il prit sa décision.

- Suivez-moi. dit-il

Il se leva et sortit du bar accompagné des deux hommes, il les emmena jusqu'à une fabrique un peu plus loin et les fit entrer. Un homme vêtu d’une toque et d’un tablier se trouvait là. Il avait une barbe assez épaisse et portait des lunettes de vue, il sourit en voyant Barry arriver et salua les trois hommes. Mais ce qui intéressait les deux asiatiques était ce que fabriquait cet homme : des méthamphétamines, c’était ça le commerce de Barry, et les Feng étaient là pour acheter une quantité importante destinée à la revente

- Je vous présente le chef, et voici l’atelier ! dit Barry.

- Vous ne trouverez pas meilleur dans le coin. dit le « chef » d’un air confiant.

Tous restèrent là un moment à discuter de détails et d’autres, quand ils sortirent enfin, les deux hommes avaient perdus leur enthousiasme.

- Alors, demanda Barry, je vous en met pour combien ? Dix mille ? Vingt ?

- En fait, répondit le responsable, je pense que nous n’achèterons rien.

Barry resta muet, le sang lui montait à la tête mais il feignit de rester calme.

- Ah ! dit-il. Mais vous n’avez pas encore visité nos locaux spéciaux ! Suivez-moi.

Il emmena les deux hommes à l’arrière de la fabrique, et s’arrêta devant une poubelle qu’il ouvra.

- C’est ici que se trouve notre plus belle marchandise, messieurs, veuillez entrez !

Le jeune Feng entra dans la poubelle sans la moindre hésitation mais son compagnon était plus méfiant. Il s’approcha un peu et regarda dans la poubelle. C’est à ce moment que Barry se plaça derrière et lui mit un coup de pied qui fit rentrer l’homme directement dans la poubelle, après quoi il ferma la poubelle, enfermant les deux hommes à l’intérieur.

- Ça, c’est fait. dit Barry en ricanant.

- Ouvrez ! Vous vous faites de puissants ennemis, ne faites pas cette erreur !

- C’est ça, c’est ça. Des ennemis j’en ai beaucoup, c’est pas un gang de jeune chinois complètement défoncés qui vont me faire peur.

C’était vrai, Barry avait déjà beaucoup d’ennemis, rien qu’à Palmdale, un gang de motards et une « tribu » indienne n’étaient pas vraiment ses plus grand fans. C’était à cause de ces ennemis que Barry devait quitter Palmdale.

- Écoute chef, dit-il, je dois partir maintenant, je te laisse t’occuper du commerce. Prends en soin.

- Pas de problème avec moi, Barry, bon voyage ! Répondit le chef.

Barry rentra jusqu’à sa caravane où se trouvait Larry, un jeune homme assez étrange. Il avait le visage entièrement tatoué en noir et blanc et des dreadlocks d’un blond très clair. Il était assit sur un tas de valises et rit en voyant Barry.

- On y va ? demanda-t-il.

Barry acquiesça, ils chargèrent les valises dans le 4x4 et partirent.

- On va aller où maintenant ? demanda Larry

- Los Angeles, il y a un ami que je dois voir. répondit Barry

- Mon frère habite à Los Angeles, il pourra sûrement nous loger.

- Ouais, sûrement.

Le voyage fut long. Une fois arrivé à Los Angeles, ils allèrent directement à l’appartement du frère de Larry et s’y installèrent, même si celui-ci n’était pas d’accord.

- Partez ! Ma femme va bientôt rentrer elle ne tolèrera pas votre présence. dit-il, paniqué.

- Écoute moi bien, petite merde, rétorqua Barry en s’approchant de lui, je n’ai que quelques mois à passer ici et ce n’est ni toi, ni ta femme qui m’en empêcheront, compris ?

Le frère de Larry avait peur, mais il finit par se résoudre au fait qu’il ne pourrait pas leur faire quitter l’appartement si facilement, alors Larry et Barry prirent leurs aises assez rapidement et en quelques jours seulement, l’appartement était presque une porcherie. De la boue recouvraient les murs, des mégots de cigarettes étaient écrasés au sol accompagnés de bouteilles de whisky et de vomi. Mais Barry se sentait comme chez lui, ici.

- Ça faisait des jours que Barry essayait d’appeler un vieil ami à lui, mais la personne ne lui avait répondu qu’une seule fois :

- Allo ? dit une voix

- Allo ? C’est Barry ! J’aurai besoin de ton aide, je vais commencer à préparer un plan pour …

- Vous vous êtes trompé de numéro. dit la voix juste avant de raccrocher.

Barry était pourtant sûr d’avoir le bon numéro. Il essaya sans cesse pendant plusieurs jours, mais en vain. Il en avait marre d’essayer. Il se servit un verre de whisky et s’assit devant la télévision. Il y avait une conférence qui était diffusée en direct, le patron d’une entreprise de téléphonie mobile présentait son tout nouveau téléphone. Seulement quand il sortit le téléphone et le posa contre son oreille, celui-ci explosa, et tua l’homme. L’affaire fit un énorme scandale, le soir même, on en parlait au journal télévisé. Le journaliste divulguait le nom de plusieurs suspects mais un seul nom semblait choquer Barry : Michael Dos Santos.

Pendant les 24 heures qui suivirent, Barry ne prononça pas un seul mot, il restait muet et ne bougeait même pas du canapé. Son verre de whisky était plein et il ne semblait pas vouloir le boire. Il était immobile. Mais une fois les 24 heures écoulées, il bu son verre d’une seule gorgée, et se leva. Il se mit à chercher l’adresse de ce Michael Dos Santos.

Michael, vivait dans une grande maison au centre de Los Angeles, il vivait avec sa femme et ses deux enfants. Ils avaient une grande demeure à deux étages, un garage privé, une piscine, une énorme télévision. Une vie des plus paisibles. Seulement il y avait des tensions, Michael et sa femme n’arrêtaient pas de se crier dessus, et il n’en pouvait plus. Son fils n’arrêtait pas de s’attirer des problèmes et sa fille ne lui adressait même pas la parole. Ce jour là, lui et sa femme se disputaient dans la cuisine, Michael était à bout et il se servit un verre de Whisky. C’est à ce moment là que son fils entra dans la maison et cria :

- Maman ! Papa ! Regardez qui était devant la maison

Michael et sa femme et se précipitèrent à l’entrée. Le visage de Michael semblait se décomposer à la vue de l’homme qui accompagnait son fils

- Bonjour Michael. dit Barry

- Qu’est ce que tu fais là ? demanda Michael.

- Je viens voir mon vieil ami Michael ! répondit Barry. La dernière fois que je t’ai vu, tu étais enterré à Sotchi, le temps a passé depuis et te voila ressuscité ? Un vrai miracle !

- Je peux t’expliquer.

- Il n’y a rien à expliquer ! Toutes ces années tu m’as menti ! Je t’ai pleuré, je suis même allé sur ce qui est censé être ta tombe ! Je ne peux plus te faire confiance, Michael, tu es un menteur et sûrement un traitre aussi !

- Barry !

- Alors, dit Barry, qui est enterré à ta place ? Hein ?!

- Et bien …

Barry comprit tout de suite au regard de Michael que cette histoire allait bien plus loin qu’un simple mensonge. Un autre corps se trouvait dans la tombe de Michael, Barry savait bien lequel, mais il espérait se tromper.

- Ne me dis pas que … dit Barry

Michael resta silencieux, et Barry se décida.

- Dans ce cas il ne me reste plus qu’à aller vérifier moi-même

- Non attend ! s’exclama Michael

Mais Barry courait déjà, il prit son 4x4 et fonça, suivi de Michael dans sa voiture. Ils parcoururent toute la ville assez rapidement. Le 4x4 rouge faillit perdre son équilibre plusieurs fois, et les deux hommes finirent leur chemin côte à côte, essayant de renverser la voiture de l’autre. Tous deux s’arrêtèrent à l’aéroport et prirent le premier avion qui allait en Russie. Des heures plus tard, Michael retrouvait Barry, en train de creuser la fameuse tombe. Finalement, il ouvrit le cercueil. Ce qu’il y trouva le choqua, il s’en doutait au fond mais ne voulait pas l’admettre, maintenant il ne pouvait plus échapper à la réalité : c’était le corps de Steve qui se trouvait là-dedans.

- Je voulais te le dire, Barry, mais je n’avais pas le droit de garder contact avec toi. dit Michael sur un ton solennel

Barry pointa un pistolet sur le visage de Michael. Le sang lui montait à la tête et ses yeux devenaient rouge. La haine s’emparait de lui, le poussant à faire quelque chose qu’il allait sûrement regretter plus tard.

- Comment ? demanda Barry. Comment t’as pu faire ça ? Explique-moi !

- Je n’avais pas le choix, c’était le seul moyen pour assurer la sécurité de ma famille. répondit Michael

- Ta famille ? ricana Barry. Ta famille c’était nous ! Nous étions tes frères et tu nous a trahi pour garder deux enfants qui ne t’aiment pas et une femme qui te trompe à chaque occasion ! Rend toi à l’évidence Michael, personne ne t’aime, tout le monde te considère comme un lâche même pas foutu de prendre les bonnes décisions. Toutes tes décisions t’ont mené ici et il est temps de les assumer. C’est la fin. Adieu.

Michael dégagea le bras de Barry et sortit à son tour un pistolet avant de se mettre à couvert derrière une tombe, s’en suivit un duel acharné. Malheureusement pour Michael, Barry était une tête brûlée, il se leva et courut jusqu’à la tombe derrière laquelle se cachait son ancien ami pour lui administrer un coup de pied dans la tête avant de le viser à nouveau. C’est à ce moment là que plusieurs voitures noires entrèrent dans le cimetière et s’arrêtèrent devant les deux hommes. Plusieurs chinois sortirent des voitures et les menacèrent.

- Nous représentons les Feng, dit un homme, nous venons tuer un certain Barry.

- Il est à vous ! dit Michael

Sur ces mots, Michael désarma Barry et le poussa vers les hommes armés avant de s’enfuir, Barry criait « Lâche ! Traître ! Je te tuerai ». Puis le son d’un tir se fit entendre, puis un long silence s’en suivit. Barry était mort.

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